Hors des sentiers battus

Voici le récit de mon dernier voyage en Thailande. Je voulais parcourir les terres Thaïlandaises inconnues, et faire l’expérience d’un séjour hors des sentiers battus. Pour cela j’ai choisie la région frontalière avec le Laos: le Mékong, la frontière naturelle entre l’Isan et le Laos.

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Arrivée à Chiangmai depuis Luongprabang (Laos) en avion. Le vol est rare et mis en service de temps à autre. D’habitude on fait un trek de deux jours et une nuit aux alentours de Chiangmai. Dans la journée, la température peut augmenter jusqu’à 35°C en saison sèche mais la nuit elle frôlerait les 0°. Ce n’est pas une marche très sportive, ceux et celles qui ont un peu l’habitude de marcher ne doit avoir aucun mal à suivre car elle est thaioct11 015entrecoupée par des pauses fréquentes au pied des cascades rafraîchissantes, voire des traversées en radeau ou encore à dos d’éléphants. La balade dans la ville de Chiangmai est vraiment très plaisante: temple, marché, boutique, artisanat… il y a de tout comme à Bangkok mais dans une ambiance beaucoup moins stressante, même la rivière de Mae Ping est moins vigoureuse que son homologue, le Chao Praya, à Bangkok. Surtout la balade dans ce marché de nuit qui sent bon les vacances : échoppes éclairées aux lampions, soies et papiers peints bousculent le regarde avec objets de décoration et autres ombrelles, sans oublier bien sur la noix de coco fraîche et le food court pour goûter aux délices de rues dans une ambiance superbe festive. Mais c’est au moment de la fête de lumière, le Loy Krathong, à la pleine lune du mois de novembre que Chiangmai s’offre aux voyageurs son visage le plus émouvant !

Nous avons pris le train pour Phitsanulok et de là, un petit minibus nous attend pour explorer une région très typique de la Thaïlande mais qui reste inconnue pour le tourisme de masse, l’Isan, ou le Nord-Est, frontalière avec le Laos. La pittoresque route N°12 nous emmène dans un paysage vallonné parsemé de forêts et cascades pour arriver à la ville de Dansai. Nous logeons aujourd’hui à Phu Na Come, un resort écologique situé en plein cœur de la vallée de Dansai. Ici on plante tout aux alentours selon les règles de la nature (pas de désherbants ni pesticides chimiques mais par des méthodes traditionnelles et naturelles) et on consomme le plus possible les produits cultivés et élevés maison. On a même assisté à un petit atelier de fabrication de savon, avant d’aller visiter le potager et les rizières autour, sans parler des arbres fruitiers un peu partout. Bienvenue à Loei, la petite province située à la frontière naturelle qu’est le Mékong avec le Laos. C’est aussi ici que les habitants ont la tradition d’avoir une fête des plus étranges du monde, le Phi Ta Khon (lire ici l’article complet sur cette fête), fête des fantômes sous forme d’énormes masques bien coloré que nous avons découvert les meilleurs spécimens au Musée de Phi Ta Khon à Dansai. D’ailleurs, les fans de l’archéologie et de culture ne seront pas déçus ici dans l’Isan, entre les temples Pho Chai et sa fresque polychrome originale datée depuis plus de quatre cent ans, celui de Pra That Sri Song Rak, le plus vénéré des locaux, ou encore le Sri Po Chai avec sa chapelle qui nous rappelle le Wat Xieng Thong à Luongprabang au Laos ou encore cet improbable Pra That Din Taen. Ces temples, les uns différents des autres, présentent un point commun : ce sont des temples vivants avec ses fidèles, authentiques, et sans un touriste ! D’ailleurs, à propos du Laos, dans cette bande de frontière naturelle formée par le Mékong, les populations passent d’un bord à l’autre sans problème et que la culture, les traditions, la langue ainsi que la monnaie circulent comme si c’était fait partie d’un seul pays. D’ailleurs, la visite du marché de frontière de Tha Sa Det est un moment vraiment délirant, on trouve absolument plus que de tout dans ce grand et joyeux bazar posé tranquillement au bord du Mékong.

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Notre périple continue pour le Phu Suan Sai National Park, un des plus beaux parcs de la Thaïlande où forêt, cascade et orchidée sauvage sont les principaux acteurs. Puis encore une visite pour les fans de vieilles pierres au site archéologique de Ban Chiang, classé à l’UNESCO avant d’avancer vers l’Est du fleuve. On baladera bien volontiers à vélo à Chiang Khan le long du Khong (nom local du Mékong) ainsi que le vieux village de Ban Ba Aor, ou encore regardera l’histoire de la région au musée de Muang Loei, avant de goûter à ce dessert local à la noix de coco à Kaeng Kood Koo.

Notre périple touche à sa fin à l’aéroport de Ubon Ratchathani pour envoler pour Bangkok, la capitale. L’aéroport se situe à quelques kilomètres du Pont de l’Amitié, ce pont qui relie la Thaïlande à la capitale du Laos en quelques minutes. Ici les deux peuples ne font pas trop de différence si ce n’est pas le fleuve Khong. D’ailleurs, le plat Laos d’excellence, les lap (salades de tous types de viande bien piquantes) et le riz de montagne, khao niao, sont servis ici comme au Laos.

Je n’ai pas eu le temps de rejoindre Khong Chiam à la frontière est avec le Laos, ce qui est dommage, car lors des autres voyages, je suis déjà passé par Paksé et Ubon Ratchathani, ainsi que par Pimai et le temple cambodgien de Preah Viharn, accessible que par la Thaïlande à l’époque.

Ce périple de sept jours est bien court et concentré, mais nous a laissé l’image inoubliable d’une Thaïlande authentique et très loin des circuits classiques qu’on a l’habitude d’entendre parler ou voir. Inoubliable car les gens de l’Isan ont aussi une réputation sur l’hospitalité auprès des Thaïs qui sont déjà l’Ambassadeur du pays du sourire. Inoubliable de voir comment les peuples d’Indochine vivent de manière si harmonieuse et en symbiose avec la nature qui leur rend tant.

Et l’image la plus forte qui m’a resté, c’était cette nuit que nous avons passée au bord du Mékong dans un hébergement très improbable. Arrivée très tard dans la soirée, nous nous sommes rassemblés dans le hall, ou la salle, on ne sait pas trop, principale pour un rapide dîner. La pièce, de style cathédrale à l’intérieur avec une mezzanine en bois massif, est couvert de tableaux modernes de très grande taille et le service du dîner, même rapide, est d’une finesse extraordinaire. Puis nous avons réceptionné nos clés de chambres, les valets nous emmènent en traversant d’énormes jardins et on aperçoit à peine l’une et l’autre des maisons, puisqu’il ne s’agit pas de chambres mais de maisons, à travers les arbres. Chacun thaioct11 048prend possession d’une vraie maison avec grande entrée, vestibule, salon, chambre et sanitaire, avec, dans la mienne, un énorme piano à queue dans le salon. Le lendemain, je me réveille tôt et découvre un merveilleux jardin (j’ai su après qu’il est dessiné par un des architectes le plus connu et le plus côté de la Thaïlande en matière de jardin à l’anglaise). Puis, maison par maison, chacune ayant un style différent mélangeant l’européen à l’asiatique, le tout d’un goût excellent et un piano, droit ou à queue, dans chacune ! Il s’agit d’Agalin Holiday villa resort, l’hôtel le plus étrange que j’ai jamais encore vu auparavant. C’est ici que descendent les célébrités artistiques thaïes en vacances loin des regards curieux.

C’est toutes ces beautés, ces étonnements, ces surprises, ces joies qu’on peut découvrir sans modération dans cette région peu connue et oubliée des voyageurs pressés qui parcourent la Thaïlande du Nord au Sud sans penser à regarder un peu plus loin sur la carte pendant la préparation de leur voyage ! L’Isan tient ses promesses.

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