Un voyage à Taïwan est un peu différent des autres : l’île est petite, les moyens de transports performants font que les voyageurs individuels sont très gâtés. Mais pourquoi écumer les kilomètres quand les petits trésors se cachent à chaque coin de rue, à chaque tournant dans les montagnes ? Ici on se pose et on profite de la finesse de la vie qui s’apparenterait à la chinoise, mais une finesse non sans rappeler le Japon. Les cinquante ans de colonisation japonaise ont laissé beaucoup de traces dans l’art culinaire, l’art du bain thermal onsen. Le paysage à couper de souffle de ses montagnes et de ses côtes est accessible facilement et à un coût beaucoup moins élevé en prime. Vous avez compris, pour les amateurs de l’art culinaire de l’Asie tout court et de l’ambiance disciplinaire des villes japonaises, c’est ici qu’ils trouvent une autre sensation de voyage.
Puisque cette ambiance de Taïwan n’est ni japonaise ni chinoise ni coréenne, ou un peu de tout ça : jeunesse active, entreprenante et à la pointe de toutes les tendances, villes grouillantes de monde, de gratte-ciels, de voitures, de mobylettes, de marchands de rue, de marchés de nuit, de cafés, de salon de thé, de restaurants locaux et de chaîne ou de bakeries (boulangerie-pâtisserie) venus du monde entier, Taïpei est résolument un pays dans le pays. Cependant ici la population parle le chinois dans sa majorité, des spécialités de Hakka, de Fujian, les deux provinces à l’autre côté du détroit de Formose, en version raffinée, sont proposées dans la majorité des restaurants que ce soit de rue ou de nom.
Le premier jour, visite de Taïpei avec le Mémorial de Tchang Kai-chek et la pagode de Longshan, Montagne de Dragon, en pleine vieille ville de Taïwan. Un peu de stress lorsque nous pensons aller déjeuner au célèbre restaurant de Din tai fung, spécialité des raviolis fins puisque la queue y est tout simplement inimaginable pour un restaurant, on se fait appeler par un numéro affiché comme quand on est allé à la Sécurité Sociale, à une différence qu’ici on attend debout et dans la rue. Ils ont 8 restaurants à Taïwan, mais c’est celui-ci qui est le plus recherché car c’est l’adresse historique d’une réussite inégalable autour des raviolis servis avec style (une des serveuses parle même le français).
Dès qu’on s’écarte de la côte ouest, que ce soit les montagnes abruptes ou la côte est, on change de monde de manière radicale. Sur la côte ouest, le Taïwan moderne, l’opposé est sur la côte est, sauvage.
Réveil ce matin à 5h pour assister à l’office du matin au monastère de Foguangshan, le plus grand complexe bouddhique de Taïwan, puis repas végétarien au réfectoire avec les nones, plus de mille passe leur vie ici avec une dévotion infaillible. Ambiance spéciale, le complexe est immense et tout neuf, en contraste avec la pléthore de temples taoïstes, plus anciens, éparpillés dans toute la ville de Tainan. Mais la plus grande surprise nous attend au musée du monastère avec une collection de statues et d’images de Bouddha d’une richesse extraordinaire, on y découvre des statues de Bouddha arrivées de toute l’Asie, faites de toutes les matières dont quelques birmanes en jade blanche, ou celles de style Tang en poterie d’une grâce extraordinaire.