Un Japon inconnu : Osen et Sakura

Osen (bain thermal) et Sakura (fleurs de cerisiers)

Spring Tour to Feel Real Japan, Shinshu & Niigata

Avril 2005

09cherry blossoms, maruyama park, kyoto

1er jour, samedi 16 avril

Ce matin, j’ai pris le train pour aller à Ise, le sanctuaire le plus sacré du Japon, situé dans la Préfecture de Mie. À l’arrivée de la station de Kintetsu line, nous avons pris une voiture de location pour avoir plus de liberté pour la balade. La visite d’Ise avec ses beaux sanctuaires d’une sobriété exceptionnelle, ses cèdres centenaires, son jardin, son ambiance spéciale ne laisse personne indifférente. Puis nous avons repris une route en lacet pour arriver au belvédère de Yokoyama surplombant la baie d’Ago : scène époustouflante d’une baie d’Halong miniaturisée de dizaines d’îles plates couvertes de végétation. Sur la route de retour, halte à un onsen (bain thermal) de style moderne pour nous ressourcer avant de regagner Osaka la démesurée.

Dimanche 17 avril:

Osaka –Hirugami – Achi – prefecture de Nagano 300 kilomètres, cinq heures de route)

Nous quittons Osaka le dimanche en fin d’après-midi. Quelques jours auparavant, lorsque j’ai dit à une amie allemande que je partirai après le salon professionnel pour visiter les Alpes Japonaises en voiture, elle m’a regardé avec ses gros yeux un peu effrayés : « Tu sauras par où passer ? ». Elle n’avait pas tout à fait tort… Les autoroutes urbaines les unes au dessus des autres ne tolèrent aucune erreur. Nous longeons à priori le lac Biwa jusqu’à Hikone où ça commence à monter. Il fait nuit, mais il n’y a pas de possibilité de s’arrêter car le planning est serré. On roule. L’arrivée dans un village en pleine nuit n’est jamais facile, de surcroît il faudra trouver le ryokan qu’on a réservé par internet… Au final, on a frappé à la bonne porte je ne sais même plus comment. On n’a pas pu s’empêcher d’aller prendre un bain. Le ryokan a un onsen intégré situé au rez-de-chaussée. A cette heure là, on est seuls.

Lundi 18 avril:

Nagano (vieux cerisiers dans le village d’Aichi, Shinshu, Tsumago-juku, jardin d’azalées) – Takato (cerisiers en fleur) - Nagano

Exif_JPEG_PICTURERéveil tôt, nous partons nous balader dans le village. Le village est peut être situé déjà en altitude, il fait donc froid et les cerisiers centenaires qui font la réputation du village n’ont pas encore donnés de joie aux touristes : les branches restent désespérément dénuées de toutes traces de fleurs. Cela n’empêche pas mes compagnons de route japonais de s’émerveiller d’admiration et prennent des photos d’un cerisier dont les branches se reflètent dans un étang. On reprend la route, direction la vallée de Kiso, sur l’ancienne route Nakasendo. Il s’agit d’une route des postiers en montagne, parallèle à la célèbre Tokaido, route de la mer de l’est. Nous avons passé un bon moment à balader à Magome et à Tsumago, deux superbes petits et authentiques villages en montagne. Ici et là, quelques cerisiers dont les fleurs sont sur le point de s’éclore, mélangeant à des petits jardinets avec magnolia et azalée en bonsaï déjà fleuris devant la maison comme les Japonais savaient faire.

Nous partons visiter l’ancien théâtre de Tsumago, puis cherchons les azalées à trois feuilles dans un jardin magnifique, celui-ci est bien en fleurs. Route pour le village de Takato, arrivée dans la soirée. Mes amis font exprès, le jardin de cerisiers tout en fleur est illuminé ! C’est vraiment magique.

On continue la route et arrivons encore tard à Nagano, enfin, dans un des villages dans les alentours.

Ce soir, onsen au cœur du village de Takayama (pas Hida Takayama que nous connaisions) aménagé directement sur le flanc de montagne d’où sort une source et nuit au ryokan après un repas sophistiqué et très fin comme les patronnes d’auberges savent le faire. C’est la première fois que j’ai vu un onsen unisexe, on devait prendre sa serviette pour se cacher avant de l’enlever juste au moment de rentrer dans l’eau et je les ai laissé dans la salle de change ! Moment délicat, les femmes japonaises, voyant la gaijin (étrangère) embarrassée, ouvraient en grand leurs ombrelles pour m’accompagner jusqu’à la salle de change afin que je récupère la serviette. Il pleuvait, en plus, donc on a pris le onsen sous les ombrelles et quelques cerisiers commencent à muer avec leurs capes blanches dans la lueur du soir qui tombe vite en montagne et les bruits des cascades le la neige fondant pas loin à peine audible! Inoubliable.

Mardi 19 avril

Nous partons visiter le temple le plus vénéré de Nagano, Zenko-ji. Si ma mémoire des caractères calligraphiques est bonne, cela voudrait dire « temple ancien du zen ». La visite des différents pavillons d’un temple, surtout un grand comme celui-ci, laisse toujours aux visiteurs un sentiment étrange : à la fois l’admiration, un peu de curiosité, beaucoup d’émerveillement. Dans les dédales du jardin parfaitement entretenu comme d’habitude on découvre un à un des 39 pavillons que forment le temps immenses dont la construction a débuté au 7e siècle, l’émotion est à son comble quand nous croisons un mariage, les familles voudraient sans doute respecter la tradition et demander beaucoup de chance et de bonheur pour les mariés. En tenues traditionnelles, ils posent d’ailleurs en toute grâce pour qu’on puisse faire des photos et nous voilà repartis pour aller tester le téléphérique des Jeux d’Olympique d’hiver et détecter quelques cerisiers qui sont sur le point de la floraison.

On passe à Obuse pour y visiter un musée consacré à Hokusai (il y en a quelques-uns au Japon). Pur moment d’admiration.

Puis, direction Niigata par une longue route. Nous arrivons à notre ryokan, un peu en retrait, à Matsunoyama spa, dans la préfecture de Niigata. Il s’agit du plus luxueux ryokan de tout le périple, à la fin de la journée. Le ryokan a été servi de décor pour plusieurs films japonais. L’ensemble des maisons semblent être enfouies dans la neige dont les congères arrivent jusqu’en bas du toit, une tranchée large d’environ un mètre sépare les congères et les murs. Ceci est pour dire que le onsen le soir n’est que pure merveille, avec le dîner fin de kaiseki dont les maîtresses d’auberge se rivalisent de créativité.

14outdoor hot springs bath, kirishima, kagoshima

Jeudi 21 avril

Ce jour, balade dans la ville thermale de Matsunoyama, une des stations les plus connues du Japon en version élite, située à la Préfecture de Niigata au milieu des hêtres et, avec dans les alentours les rizières en terrasse. On balade aussi à la ville de Tokamachi, chef-lieu, et le muse de céramique de Jomon, connus pour les décorations faites de trace de corde en paille pendant la cuisson, ainsi qu’une exposition de Kimono.

On est revenu à la Préfecture de Nagano pour passer la nuit à Maguse spa. Ici, on ira prendre un onsen public dont les bassins surplombent la vallée avec une vue imprenable.

Vendredi 22 avril

Il est temps de repartir vers Kusatsu onsen, un des trois onsen le plus grand et plus industriel du Japon sur la préfecture de Gunma. La route est extrêmement belle et contourne l’élégant Mont Asama et le superbe volcan Gunma pendant des heures offrant un spectacle magnifique. Avant de nous lancer dans le rush, on s’arrête pour déjeuner à Manza spa, dans la Préfecture de Gunma également, pour un délicieux poisson grillé.

Voilà le onsen en version de masse et cela nous change des onsen dans les montagnes, parfois aménagés en pleine nature. Ici tout est différents : énormes hôtels, énormes bains publics, concours de chants pour faire baisser la température de l’eau dans le bassin au moyen de ces énormes pagaies en bois, on touille le bassin selon un gestuel appris par la chef de chaque groupe, tout le monde est en yucata et on chante à tue-tête. Au bout d’une dizaine de minutes (ou deux chants traditionnels), l’eau, sortie à plus de 50°C de la source, est censé de baisser de quelques degrés et prête à être déversée aux bassins de bains. Une bonne dose de rigolade avant de prendre possession de sa chambre dans un de ces énormes complexes hôteliers ! Les Tokyoïtes viennent ici en bus entier.

Je n’ai qu’un seul regret : on aurait du commencer par Kusatsu !

onsen

Samedi 23 avril

Notre périple arrive à sa fin. Avec comme compagnon la silhouette du Mont Asama, nous descendons à la gare de Karuizawa vers 18h, à une heure de train de Tokyo. De là, une autre heure de train m’emmène à l’aéroport de Narita pour mon vol qui décollera à 22h. L’organisation japonaise, c’est ultra fiable et ça fait partie du plaisir de voyageurs !

Dans d’autres voyages au Japon j’ai eu la chance de tester d’autres onsen un peu à travers du pays : Matsushima près de Sendai, malheureusement peu accessible depuis quelques année. Arima près de Kobe. Kyushu. Hokkaido. Shirahama avec onsen privé sur son balcon avec vue surplombant la mer… Mais aucun ne vaudrait ce pèlerinage du printemps dans ces contrées alpines encore sous la neige où le feu et la glace prennent tous leur sens !