Voyage en Chine: La province de Shanxi, juillet 2016
« Si vous voulez connaître la Chine d’il y a 40 ans, vous allez à Shenzen, 100 ans, découvrez Shanghai, 500 ans : Pékin, 2000 ans allez à Xian et 3000 ans, vous devez aller à la province de Shanxi », notre guide, originaire de Taiyuan, nous commente sa province avec un amour non dissimulé. Même si nous n’avons rien vu comme vestige d’il y a trois mille ans, ce petit voyage expresse à moins de mille kilomètres de Pékin m’a beaucoup éclairé sur le puzzle chinois qui ne se constitue pas de manière si évidente pour un étranger.
Départ avec Air China pour un peu plus de dix heures de vols à destination de Beijing Capitale, tel est le nom de l’aéroport de Pékin. Service efficace, pragmatique mais c’est vraiment le minimum à ce qu’on peut attendre en 2016 d’une compagnie aérienne : services expéditifs, gentillesse quasi inexistante, sièges économiques serrés, repas riquiqui, notamment au retour où le dîner se réduit sous forme de deux sandwiches froides et deux gâteaux industriels. Seule consolation : le café est bon. Une clientèle massivement chinoise, nous étions peut être une vingtaine à une trentaine d’étrangers.
A l’arrivée, l’aéroport m’impressionne pour sa grandeur. Tout est quasiment neuf. La dernière fois que j’ai pris l’avion depuis Pékin, c’était en partance, donc on voyait moins le côté imposant de l’édifice. Nous avons mis une heure de bus, de marche, de train, d’escalator et d’attente depuis l’atterrissage jusqu’à la sortie en douane et voilà pris dans quelques petits bouchons sans gravité de l’heure de pointe pour atteindre la 5e périphérique de cette ville tentaculaire. Pékin compte 6 périphériques en tout.
Nous passons par le parc Olympique de 2008 avec son célèbre Nid d’Oiseau, son hôtel 6* servi de centre de presse à l’époque et sa tour de télévision sur la 4e périphérique, avant d’arriver à la gare de Pékin Ouest, Beijingxi. Pékin a quatre gares, celle-ci, sous forme d’une immense bâtisse mi-stalinienne mi-pagode, dessert, comme son nom l’indique, les provinces à l’Ouest de Pékin.
Un violent orage avec pluie torrentielle s’est abattu sur la ville depuis hier, endommageant quelques lignes de TGV dont, malheureusement, la nôtre. Un peu sonnés par le vol, le décalage horaire, le bouchon… on s’est installé dans un petit restaurant pour prendre notre petit déjeuner, sans savoir qu’il y aura du retard sur notre train. Il continue à pleuvoir plus ou moins, le ciel est bas, gris, et tout le monde s’équipe de Kway. Et quel monde ! Effectivement les gares ne peuvent pas être des lieux de zen, mais là, cela dépasse mes expériences de voyageuse blasée. Des jeunes couples avec leur enfant unique, des vieillards seuls ou accompagnés, des bandes de copains et de copines ou encore des familles de trois générations… tous bougent dans tous les sens à une vitesse incroyable. Et puis on voit passer des jeunes filles par centaines, habillées de mille et une manière. Voici une petite paysanne aux habits du dimanche pour aller en ville avec chaussures à talon compensé toutes neuves, voilà on dirait des adeptes de sacs et de montres de Chanel ou de Vuitton aux manteaux d’été en mousseline aux couleurs improbables comme bleu émeraude ou encore rose, chapeau panama visé sur les cheveux teintés et lissés, sortant tout droit d’un salon de beauté… Puis arrive la mémé avec trois quatre gros sacs qui pousse tout au passage…
Il a fallu passer par des portiques de haute sécurité pour rentrer dans la gare, et ce, uniquement pour les voyageurs munis de billets. La gare est tout aussi immense que l’aéroport mais la densité est autre.
Tous les restaurants de la gare sont pleins avec les queues interminables, notamment McDo et autres KFC. Nous préférons un petit déjeuner chinois dans un restaurant de chaîne locale. Mon compagnon de voyage a commandé des gros beignets accompagnés d’un délicieux lait de soja, j’ai hésité entre les baozi, brioche fourrée à la viande et des nouilles et finalement j’ai opté pour les nouilles. De vraies spécialités du petit-déjeuner chinois.
C’est à la fin du repas qu’on a découvert que le train ne partira pas à l’heure, ni celui d’avant. Heureusement que finalement le nôtre et pas les autres qui soit autorisé à partir avec deux heures de retard. On a mis pratiquement 7 heures pour le trajet, le double de la durée normale. La modernité ne tient pas à beaucoup de chose. Tout le territoire chinois commence à être quadrillé de lignes de TGV et de nouvelles lignes sont annoncées chaque année.
Voilà enfin Taiyuan, la capitale de la province de Shanxi. Nous y restons seulement une nuit et le lendemain, départ pour Qixian pour y visiter l’immense ancienne résidence de la famille Qiao, située sur la route entre Taiyuan et Pingyao. Entièrement restaurée, on y découvre la vie quotidienne des riches familles chinoise entre 18e et 20e siècle. L’organisation pour canaliser les visiteurs, nombreux, est parfaite et la restauration du site est remarquable. De courettes en chambres, de la cuisine à la bibliothèque, chaque détour nous fait découvrir ici une belle collection de vases en porcelaine là-bas une autre collection des enseignes des boutiques. Ayant obtenu pendant quelques centaines d’années la distribution exclusive de sel sur toute la Chine, les différents clans originaires de la province de Shanxi sont devenus immensément riches, ils se mettaient alors au commerce de l’argent. On le découvrira plus tard pendant la visite de Pingyao, la « City » chinoise d’il y a plus de trois cents ans, les premières banques de Chine.
La vieille ville fortifiée de Pingyao, classée patrimoine mondial par l’Unesco, est parfaitement restaurée dans les règles de l’art. On y découvrira différents musées (d’une ancienne banque bien sûr), tours de cloche, l’ancienne mairie et tribunal (avec prison assortie), les anciennes maisons restaurées en hôtels de charme, rempart… au gré de la balade, sans se prendre la tête ou on essaie de ne pas perdre la tête parmi les boutiques encore plus nombreuses. Le dîner à l’hôtel est bien goûteux avec les spécialités du coin et beaucoup de légumes sautés à toutes les sauces.
C’est déjà le moment de départ le lendemain à destination de Datong. Les voitures électriques sont venues nous chercher à l’hôtel pour nous emmener à l’extérieur des remparts pour y prendre le bus. Direction nord de la province. A propos, Shanxi veut dire à l’Ouest de la montagne. La province est nichée au milieu de deux chaînes de montagne avec au centre le Fleuve Jaune, le Huangha. La grande muraille délimitait ici le monde civilisé et le monde barbare, on la voit depuis l’autoroute. Le trajet direct devrait durer environ cinq heure, mais on a s’est arrêté pour visiter la superbe pagode en bois de Yingxian qui totalise neuf étages sans un clou ! Une vraie prouesse unique au monde d’ingénierie et de talent des charpentiers. Elle est là depuis plus de cinq cents ans je crois, sa structure reste quasiment intacte mais un peu affaiblie après un tremblement de terre au début du siècle dernier, on ne peut plus monter aux étages. Seul le premier étage est accessible où l’on découvre une statue géante de Bouddha de style tibétain d’une grâce exceptionnelle. L’heure de départ est sonnée, on quitte ces lieux pleins de spiritualité pour arriver à Datong.
La visite de la vieille ville de Datong, toute neuve toute rénovée en 2008 sur les plans anciens laisse un goût bizarre, notamment quand on voit encore et toujours les ruines des quartiers qui attendent leur tour. Cela me rappelle drôlement la nouvelle ville de Kashgar que j’ai visitée en 2011 lors d’une prolongation d’un voyage en Asie centrale… : les ruines reculent et le béton avance. Ici le béton est traité avec beaucoup de goût. Le clou de la visite est situé dans la grande salle où toutes les statues de l’ancien site sont rassemblées : toute une galerie d’anciennes statues de Bouddha, des Boddhisattvas et autres divinités d’une rare finesse, un pur moment de plaisir. Les statues ont été faites pendant les dynasties de Liao et de Wei, ces petits royaumes indépendants qui ont été rapidement aspirés par d’autres empereurs et peuples guerriers presque comme dans une légende. Mais les artistes anonymes des Liao et les Wei ont laissé une empreinte exceptionnelle dans cet art bouddhique qu’on ne trouvera pas dans d’autres régions et temples.
Le lendemain on part pour les grottes de Yungang, célèbre site de l’Unesco. Le site est magnifique, notamment les grottes où se conservent encore les statues peintes en polychrome, les unes sont aussi magnifiques que d’autres. On est dimanche, et le site est remplit de visiteurs, ce qui gâche un peu le calme qui se doit dans de tel endroit.
Il y a encore beaucoup d’autres sites à voir autour de Datong, mais on n’est pas là vraiment pour cela, ce jour direction à notre dernière étape, Wutaishan, une des montagnes sacrées du Bouddhisme chinois. Nous montons dans le parc national situé entre deux et trois mille mètres. Mais avant l’arrivée, un passage par le monastère suspendu s’impose. Sur une paroi quasiment verticale, quelques poutres et trois élégants toits en tuiles vernissées et voilà nous avons cette bâtisse suspendue dans le vide et où quelques pilotis en bois apparents ne sont que pour la déco (ils bougent quand on les touche). On ne sait pas trop comment la bâtisse est montée sur la paroi, c’est vraiment incroyable. Nous pouvons monter en file indienne et passe de salle en salle où les fidèles vénèrent sur le même autel les divinités taoïstes, bouddhistes et autres divinités locales. Le monastère se situe sur une ancienne route de pèlerinage et offrait une natte et un repas aux pèlerins de passage.
Les temples et les monastères à Wutaishan ne sont pas là pour que les connaisseurs puissent faire une analyse sur différents aspects et différentes périodes de l’histoire du Bouddhisme en Chine, ils sont là pour que les fidèles puissent venir implorer les miracles et autres vœux. Il y en a plusieurs, dans anciens, des rénovés et ceux qui sont en travaux. Le circuit des pèlerins se veut qu’on monte à pied depuis l’étang en bas jusqu’au temple situé au sommet, mais nous touristes, on a fait à l’envers. C’est vrai qu’on devait finir les visites avant 13h pour pouvoir repartir sur Pékin avec 6 heures de route avant de retourner en France…
Les jujubes du fleuve Jaune sont très réputés, on les trouve en vente un peu partout sur nos routes sous toutes les formes. « Si vous mangez 3 jujubes par jours, vous ne vieillissez jamais » m’a-t-elle dit ma guide. « Savez-vous comment on dit aller aux toilettes en chinois ? Détacher la main ! » Pourquoi cette question? Eh bien parce que le terme vient de la province du Shanxi. A une époque lointaine, il y avait des déplacements en masse de la population dans cette province prospère et les gens étaient attachés les uns les autres. A l’heure du repas ou de la sieste, les chefs les détachent tous pour manger ou dormir, mais, quand il y avait quelqu’un qui voulait aller aux toilettes, il demanda au chef si le chef veut bien le détacher de la troupe…
C’est ainsi que nos guides nous content le Shanxi sur cette longue route entre Wutaishan et Pékin…, pour finir mon périple expresse dans cette province si peu connue mais très importante aux yeux des Chinois.
A ne pas se confondre avec la province de Shaanxi…, un peu plus au sud où l’on visite l’armée en terre cuite de Xian.
L’homme de 99cts.
Accent chinois dans le Pingyin
- Ma = ma 2. má = shí 3. mă = mả 4. mà = ma-à (shi-i)
Liaison noms Chinois – Vietnamien
Anhui | Anhui |
Chengdu | Thành đô |
Chongqing | Trùng Khánh |
Henan | Hà nam |
Hunan | Hồ nam |
Jiangxi/su | Giang Tây/Tô |
Jianshui | Kính Thủy |
Liao | Lão |
Liaoning | Lưu Ninh |
Pingyao | Bình giao |
Shanxi | Sơn Tây |
Taiyuan | Thái Nguyên |
Wei | Ngụy |
Zhejiang | Trích Giang |
Programme en bref
Mercredi 20 juillet
Départ de Paris
Jeudi 21 juillet
Transit à Pékin, arrivée à Taiyuan, capitale de la province Shanxi
17:30-18:00 Workshop avec les réceptifs à Shanxi
18:00-20:30 Présentation du tourisme de Shanxi suivi d’un banquet d’accueil
Vendredi 22 juillet
Taiyuan- Qixian- Pingyao
Visite : L’ancienne ville Pingyao, la résidence de la famille Qiao
Loger à Pingyao
Samedi 23 juillet
Pingyao- Wutaishan
Visite : Le temple du Grand Wenshu(Pusading), le monastère des miracles (Xiantong si) , le monastère du Dagoba (Tayuan si)
Loger à Wutaishan
Dimanche 24 juillet
Wutaishan- Hunyuan- Yingxian- Datong
Visite : Le monastère suspendu, la Pagode en Bois
Loger à Datong
Lundi 25 juillet
Datong- Pékin
Visite : Les grottes de Yungang, le monastère Huayan
Aller directement à l’aéroport de Pékin, partir à Paris