Hunan et Zhangjiajie

Même pour ceux qui font déjà le deuxième ou troisième voyage en Chine, peu d’entre eux viennent à la province de Hunan, pourtant bien plébiscitée par les touristes Chinois. Le nom de Hunan, province presque parfaitement inconnue, signifie Au sud du lac. Il s’agit du lac de Dong Dinh, le plus grand lac d’eau douce en Chine et objet de nombreuses références littérales et poétiques. C’est une des provinces les plus montagneuses de Chine, ce qui promet aux voyageurs les paysages magnifiques.

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Arrivée à Changsha, chef lieu de la province, nous n’y sommes pas restés longtemps, juste le temps d’un déjeuner, un petit prélude à la cuisine hunanaise où nous a découvert surtout le tofu fermenté et grillé, une grande spécialité locale. Il semble que Mao affectait particulièrement ce plat et avait ses adresses à Changsha pour le déguster, le restaurant le Palais du Feu en fait leur publicité d’enfer auprès des touristes chinois. Puisque Hunan, pour les Chinois, avant tout, est le pays natal du Grand Timonier. C’est ici qu’il s’est montré entrain de nager sur le Xiangjiang, Long Fleuve et large de plusieurs centaines de mètres, pour démontrer sa détermination afin de motiver ses troupes. Mégane, notre guide, nous explique aussi qu’ici, la nourriture est très piquante, comme au Sichuan, et grâce aux vertus du piments, on est armé contre l’humidité, la chaleur etc. De plus, grâce au piment, les filles ont une jolie peau. Après le déjeuner, nous filons donc sur Shaoyang, une ville située au sud ouest de la province, près du Kuangxi.

P1170318La découverte du parc national de Langsan (parc romantique) est plutôt réservée aux sportifs. D’ailleurs un des alpinistes français, Alain Robert, a escaladé le mont Piment il y a quelques années et a laissé son nom sur les légendes au pied du pic. Nous, on se contentait d’une montagne un peu moins rude, la montagne du Chameau, il y avait tout de même environ mille marches à monter et autant à descendre, heureusement sur les passages et les escaliers bien balisés. Les Chinois et les Chinoises sortent leurs plus beaux habits de dimanche pour se faire photographier devant les spots connus, nombre d’entre elles sont avec des chaussures à talon. Elles y arrivent presque, sauf quelques sections les plus dures.

Le lendemain, encore une autre randonnée nous attend sur les reliefs de Danxia, à peu près au même niveau de difficulté, avant de nous embarquer sur une balade en bateau nous permettant découvrir quelques rochers de formes fantaisistes genre une bottine, un chapeau, un général ou encore un bateau de guerre. Lors de mes visites à Guilin, une guide m’a dit que les Français trouvent que les Chinois ont beaucoup d’imagination pour nommer les roches naturelles et je trouve que c’est bien vrai, une fois que la roche est légendée, on voit de suite la ressemblance.

On est toujours sur le secteur « hors des sentiers battus » de Hunan. La balade dans les anciennes villes de Qianyan et surtout dans les maisons de la vieille ville de Hongjiang nous laisse deviner le visage de Pingyao il y a dix ou quinze ans, un voyage dans la Chine il y a quelques temps avec plusieurs couches d’histoire qui s’enchevêtrent et on s’amuse à les détecter. On ne visite pas, on balade dans le village (ou la ville, plutôt). Par ici, une maison de fumoir d’opium : « Regardez la lettre Bonheur, c’est écrit en inspirant la position du fumeur. Voici en bas, les lettres Prospérité et Longévité. Voyez à gauche, la fleur de lotus, symbole de la pureté pour dire que la maîtresse de maison ne fume pas, et à droite, une pivoine, symbole de la prospérité. L’ensemble des signes veut dire que quand quelqu’un fréquente les lieux, il se sent heureux, ce qui lui apportera la prospérité et le bonheur ». On passe par une ancienne banque et transporteur de fond, un journal (lui il ne date pas d’il y a mille ans comme le reste), une pharmacie, hôtel des impôts, et… plusieurs ancienne maisons de plaisir avec des passerelles de discrétion, des « appartements » privatisés et même une scène. Ici les filles savaient aussi chanter, danser, même parfois faire de la calligraphie. C’était un commerce comme un autre, un temps bien prospère, Hongjiang se situe sur les rives d’un fleuve bien stratégique pour le commerce.

La Chine s’enorgueillit aussi de ses deux Napa Valleys dont une se situe justement dans la province de Hunan (l’autre est à Xinjiang), et comme les autorités veulent nous montrer tout ce qui est beau à voir et à visiter, nous sommes passés par la vallée des raisins. En pleine saison de vendange, la visite ne peut être que formidable. On a fait la cueillette dans les vignes, des grains bien sucrés, peu de pépins, avec une peau assez épaisse, bien noire, et qui laisse un petit goût acide à la fin. Nous avons aussi goûté aux vins, mais à dix heures du matin, donc les arômes ne se reflètent pas tout à fait ses forts.

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Le premier clou du programme se veut que ce soit Fenghuang (le nom signifie Phoénix), une des Venise chinoise. Ici les touristes chinois sont venus depuis bien longtemps. Après une grande balade dans les dédales d’une vieille ville plusieurs centenaire joliment restaurée et décorée, on fini par une promenade en bateau sur la rivière. Des vieilles maisons sur pilotis ou sur berge aux toits gris sont superbe photogénique dans son écrin de végétation des montagnes autour. Auberges, cafés, habitations se disputent le meilleur emplacement et se font beaux pour attirer l’attention des touristes, de vraies ambiances festives de vacances.

P1170481Quittant la vieille ville, on s’attarde ses pas au marché central de Fenghuang et s’y perd dans les étales de légumes de toutes sortes de légumes, de tofu, de pickles, de viandes, de poissons, de drogueries, de vêtements, de gargotes… Il n’est pas rare d’y croiser les Miao, l’ethnie minoritaire du district, qui y descendent en famille parés de leurs meilleurs habits, notamment de leurs merveilleuses coiffes en tissus brodés ou en argent chez les femmes. Autour du marché, on voit l’esprit de guildes qui se perd peu à peu face à la vie moderne, les marchands « à l’ancienne » laissent désormais place aux boutiques de téléphonie ou de chaussures de mode.

Ce soir, au programme, on annonce un spectacle au nom peu probable « Fenghuang dans la brouillasse ». Selon Tripadvisor, il semble que j’ai déjà parcouru la moitié de la terre, 47% exactement avant d’arriver à Hunan. Il faut dire qu’à mon compteur kilométrique et d’heures de vols dans tous mes voyages, les spectacles folkloriques remis au goût du jour à l’attention des touristes me laissent toujours songeuse, d’autant plus qu’on nous en a servi déjà 3 au bout de 4 jours de voyage cette fois-ci ! Mais on y reviendra plus tard.

La Chine avance vite, très vite. Des dizaines de milliers d’autoroute, ultra modernes et payantes, relient les coins les plus reculés aux capitales de chaque province et ainsi de suite. A la province de Hunan, pourtant loin des centres névralgiques, historiques, touristiques et économiques connus, on peut aller quasiment partout par l’autoroute, doublée d’un réseau de routes secondaires. Il y a peu de sorties, peu de stations de services, ce qui fait que pendant des centaines de kilomètres on voit ici et là un village, un hameau, des rizières en terrasse bien traditionnels sans la possibilité de s’arrêter. Dès qu’on arrive sur une ville, même si elle est déjà bien définie par quartiers, on voit encore et toujours des chantiers énormes où l’on s’affairent jours et nuits. Pour accéder à un théâtre il arrive qu’on enjambe les gros blocs de béton devant l’escalier central, pour relier un hôtel à la route principale, on traverse un morceau de piste avec des nids d’éléphants, mais c’est sur que si l’on revient dans un mois, ce sera une belle rue paysagée et les lampadaires sont équipés de panneaux photovoltaïques… Pour repartir, j’ai embarquée à l’aéroport de Zhangjiajie, pourtant très connus comme point touristique, quasiment personne ne veut parler l’anglais… Heureusement que le guide a insisté pour rester m’assister à l’enregistrement. Peut être c’est la première fois dans ma vie qu’on m’assiste pour un check-in, mais la présence du guide s’avère utile, ne se reste pour demander un siège du côté fenêtre. Les guides ici ont l’habitude. Mais réfléchissant bien pourquoi doit-on exiger aux employés de l’aéroport de parler l’anglais or les étrangers occupent même pas 1% du trafic ? Je me suis amusée à compter, on devait être peut être une petite vingtaine d’européens sur environ un petit millier de passagers dans ce grand hall d’attente avant l’embarquement !

Ce dimanche matin, départ à 7h de l’hôtel pour le point culminant du voyage : le parc forestier de Zhangjiajie, un des endroits les plus magiques des paysages de montagnes de Chine. La réalité tient sa promesse, la balade dans les sentiers bien balisés est vraiment enchanteresse à chaque mirador sur les cinq kilomètres de paysage du mont Tianzi. La forêt de pierres ici n’est pas en miniature comme à Kunming mais à taille réelle, les blocs de pierre de toutes formes sont impressionnants sous le soleil, irréels au lever du jour et mythique dans la brume. C’est ici qu’on a tourné Avatars, ce qui a rendu le site mondialement célèbre.

Revenons au spectacle Fenghuang dans la brouillasse : partie dans le dubitative pour « encore un spectacle pour touristes », j’en sortais ébahie devant la beauté, la créativité et les moyens utilisés pour offrir aux spectateurs une scène aussi impressionnante. Grandiose, impressionnant, indescriptible, hollywoodien, certaines séquences étaient presque « too much » : plus de 300 danseurs et chanteurs sur scène, et quelle scène ! Une scène à plusieurs niveaux, avec cascades, lacs, rivières, fontaines, pluie avec de la vraie eau qui participe au déroulement du spectacle, sans parler de tous autres effets spéciaux mélangeant la lumière, la fumée, les échanges avec le public. En fait, si le théâtre est conçu expressément pour le spectacle, lui seul peut justifier un voyage dans le Hunan !

Mais on m’a dit que celui de Zhangjiajie est encore plus impressionnant et je me suis demandée comment est-ce possible ? Il faut le voir pour y croit, mais en deux mots : plus de 500 artistes sur scène dont une chorale remarquable et une scène en pleine nature, ou plutôt une scène qui épouse la nature. A un seul déplacement, nous avons deux spectacles qui n’ont rien à envier à n’importe quel grand théâtre dans le monde, et, la cerise sur le gâteau : ce sont des spectacles complètement accessibles à tout public, ce n’est pas la peine d’être initié pour les apprécier pleinement.

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Si vous programmez un voyage en Chine sur-mesure selon vos envies et personnalisé, autant maîtriser votre itinéraire pour profiter du meilleur. Voici quelques astuces des Nostaliens pour rendre plus agréable les visites de cette province, et, de manière générale, des sites touristiques de Chine :

Il faut éviter Juillet – Août, la semaine avant et après le 1er mai et le 1er octobre, les week-ends autour de la fête de la mi-automne (pleine lune de septembre), et en général les week-ends. Le spectacle de Zhangjiajie est en off environ de mi-décembre à mi-février.

Les meilleurs moments pour visiter les sites touristiques en Chine sont, sauf les éléments climatiques propres à chaque région : en semaine, les deux semaines avant et après le 1er septembre. Les étudiants sont en préparation de la rentrée pendant ces deux semaines, ce qui réduit le nombre de visiteurs sur les sites clés.