Le Duo Moscou – Saint Petersbourg

Août 2003

 DSCF0095

Retour en Russie après près de 20 ans. L’aéroport Shemeretievo 2 a beaucoup changé et semble être beaucoup plus clinquant, moderne, voire luxueux, mais les formalités de douane et de frontière sont à peu près les mêmes, toujours un peu sophistiquées. Nous avons du expliquer longuement sur ce bocal de sable du Gobi que nous avons dans notre bagage. Oui il s’agit d’une escale en Russie pour profiter d’un stop-over de la compagnie aérienne Aeroflot au retour d’un voyage en Mongolie.

DSCF0077La dernière fois que j’ai été à Moscou, c’était en plein hiver avec un mètre de congères au bord des boulevards staliniens et les parcs. Là, on est à la fin du mois d’Août et la ville offre une vue totalement différente. A la sortie de l’aéroport, nous voilà partis à l’arrière de la grosse Mercedes d’Oleg, ingénieur en Ponts et Chaussées à l’origine, photographe de mariage quand l’occasion se présente et chauffeur guide touristique aux heures perdues. Enfin il s’agit plutôt d’un chauffeur, car son anglais se limite à pouvoir fixer l’heure de rendez-vous et quelques rudiments de politesse et tant mieux pour me remettre de mon russe longuement oublié. Il a acheté la voiture parce que il avait toujours rêvé d’avoir une belle voiture allemande, il fait chauffeur en saison touristique pour l’entretenir et nourrir sa petite famille.

Nous faisons un rapide passage à l’hôtel Rossiya, au bord de la Place Rouge, pour y déposer nos bagages. L’hôtel vivait les derniers moments de l’ère soviétique avant sa transformation en palace de luxe (cela ne pouvait pas être autrement vue sa situation). Je retrouve donc la même ambiance, les mêmes meubles, les mêmes chauffages, les mêmes fenêtres à double vitrage à la russe, c’est-à-dire qu’il y a le bord de la fenêtre au milieu qui servait de réfrigérateur à défaut pouvoir s’offrir un vrai de la marque Saratov et qui coûtait 90 roubles d’or. L’équivalent d’un mois de bourse des étudiants du Conservatoire Piotr Illich Tchaïkovski, le célèbre Conservatoire aux virtuoses où mon frère avait fait ses études universitaires et où je lui ai rendu visite.

DSCF0040Vous avez compris, mon passage à Moscou prenait l’air d’un pèlerinage nostalgique à la recherche des repères de la culture russe qui a émaillé mon enfance. Donc, avec Oleg, nous avons écumé la Moskva et ses rives romantiques objet d’inspiration des artistes soviétiques dans les années pas si lointaines. On ne peut s’empêcher d’aller sur la colline de l’Université de Lomonossov, les Galeries Tretiakov, les bâtiments de la Douma, et bien entendu, le Bolchoï. Je mourrais d’envie d’y revoir un ballet, mais c’était pas de la saison, et que les billets maintenant coûtent plus une fortune. Et dire que j’ai pu aller voir Plissetskaïa danser au tarif « étudiants », un peu moins de trois roubles d’or, prix d’un repas si l’on achète ses vivres aux marchés des Kolkhoz et cuisiner soi-même. Même les visites des hôtels, surtout celle l’Ukraïna, me font revoir ce qui reste de ces années : l’architecture monumentale est un élément indissociable à la capitale de l’ex-URSS. On a fait aussi un tour au Park Kulturyi, si proche aux souvenirs de ceux qui connaissent bien la capitale russe, pour vraiment constater que cette architecture monumentale y déploie avec merveille. Toutefois, les temps ont bien changé, les GUM et les CUM sont devenus des Galeries Lafayette, le Printemps ou encore Harrods, et l’hôtel Rossyia un palace pour hommes d’affaires et touristes fortunés. Seule la Place Rouge avec son étoile et le Mausolée de Lénine restent immuables.

On a demandé à Oleg de nous emmener au marché des Kolkhoz de nouveau pour essayer de voir s’il y a du caviar et il y en avait. Pour environ 50€, nous avons eu 200gr de l’or noir aux grains énormes. Nous sommes encore en 2003. Le vendeur nous a servi à la louche de son gros bocal qui doit en contenir peut être deux ou trois kilos. Le caviar est très salé et le goût est fort, différent de ceux qu’on connaît en bocal ou en boîte. Les vendeurs ne sont plus en marché ouvert comme avant, mais plutôt installés dans les étales couvertes.

DSCF0121

Ce soir, départ pour la gare de Leningradsky d’où partira notre train de nuit pour Saint Petersbourg (parfois il y a des trains qui partent aussi de la gare de Kursky, à bien vérifier son billet). A un feu rouge, grâce au réflexe d’Oleg on a évité un grave accident: Lorsque le feu de notre côté n’est pas encore passé au vert, les deux voitures à nos côtés accélèrent déjà à fond la caisse et une d’elles rentre en pleine puissance à une voiture venant de droite et qui a grillé son feu rouge. La voiture d’en face faisait deux tonneaux et s’immobilise en bas d’une église qui faisait le coin de la rue. Oleg démarre notre voiture sans se retourner. Je lui ai demandé si l’on arrêtait, il m’a dit que si la police arrive et qu’on est pris dedans, on n’aura pas notre train… Oui mon russe revient petit à petit après trois jours, mais bon, pas terrible, toutefois le fait de pouvoir tout lire m’a déjà bien aidé pendant nos excursions.

QOYNt9YXBccNotre périple continue sur Saint Petersbourg ou Leningrad pour les anciens. Ici l’ambiance n’a plus rien à voir, c’est un musée à ciel ouvert réservé quasi exclusivement aux touristes. Les ponts sur la Neva, le Palais d’été, le Palais d’hiver ou l’Ermitage, Catherine la Grande et Pouchkine, Potemkine et Aurore, Novgorod et autres Mariinski font la joie des voyageurs, on ne sait plus où se donner la tête. On (re)découvre ici, à Saint Petersbourg, une Europe des Tsars jusqu’au du 19e siècle cristallisée par plus de soixante dix années de Soviets avec quelques empreintes non sans plaisantes. Saint Petersbourg sait se rendre charmante auprès des voyageurs, avec un seul bémol: la cherté des prix pour les touristes, notamment en haute saison qui est très concentrée sur mi-juin – mi-août. Du coup, beaucoup de monde également. Il suffit de programmer alors son voyage en dehors de cette période pour ne pas devoir faire une heure de queue devant l’Ermitage.

 Disk07_IMG_5063