Déjà partie en début d’année au Panama et au Costa Rica, je n’avais pas pensé pouvoir revenir aussi rapidement pour un voyage en Amérique Centrale, cette fois-ci au Nicaragua, en Honduras, au El Salvador et au Belize. J’ai déjà visité le Guatemala il y a quelques années, mon puzzle de l’Amérique Centrale est donc complet. Nous n’évoquons pas bien entendu le Mexique où j’ai déjà fait plusieurs voyages différents. Un voyage, hélas, toujours un peu express à cause du travail.
Au Nicaragua, en cette fin d’Octobre, il peut arriver qu’il pleuve, voire tous les jours. Les autres jours on a eu des orages plutôt courts qui duraient une heure maximum puis après, c’était le grand soleil. Pas aujourd’hui, depuis que nous montons sur les hauteurs de Matagalpa, terre des cafés nicaraguayens, il n’a arrêté de pleuvoir qu’une petite heure, et là, ça recommence de plus belle, des vraies trombes d’eau qui noircissent le ciel déjà bien plus sombre qu’en plaine dans cette végétation luxuriante. Depuis la côte Pacifique, la montée sur la terre haute nous ouvre un autre paysage totalement différent des volcans et des lacs volcaniques.
Les chambres sont des petits bungalows posés dans la verdure ou au bord de cette lagune où se prélasse un troupeau de cygnes blancs d’une propriété cafetière. La nature est une des plus grande richesse du Nicaragua, l’écologie est le maître mot ici, donc pas de sèche-cheveux et autres outils énergétivores dans la chambre, entièrement éclairée par l’énergie solaire: Bienvenue à l’écolodge Selva Negra, étape quasi obligatoire dans un voyage au Nicaragua en partant pour l’El Salvador ou le Honduras.
Mais revenons nous d’abord au commencement du voyage, à l’arrivée à Managua. Dans cette ville, il n’y a quasiment rien qui est prévu pour les touristes et les voyageurs, sauf peut être pour comprendre l’histoire récente du pays qui est malheureusement truffée d’événements sophistiqués et tragiques pour un voyageur peu documenté. Nous fuyons donc rapidement la capitale du Nicaragua après avoir pris connaissance, à travers des monuments, les deux hommes – symboles du pays : Sandino le rebelle et Rubén Dario le poète.
Le Nicaragua vit de son agriculture. Dès qu’on sorte des villes, tout est vert et il n’y a pas un lopin de terre qui n’est pas cultivé. Les volcans somptueux, après la folie des éruptions, laissent une terre très fertile et les Nicaraguayens savent bien la travailler : café, cacao, tabac, canne à sucre, fruits et légumes… s’alternent entre basse terre et montagne. Ce qui donne la matière première à quelques produits nicaraguayens mondialement connus comme le rhum Flor de cana ou encore ses cigares. Ce qui n’empêche pas qu’une grande partie de la population reste très pauvre et vit de l’argent envoyé par leur famille, partie travailler dans tout l’Amérique Centrale et aux Etats-Unis.
Il est 6h du matin, il fait déjà jour depuis une heure en cette saison. Les clochers de la cathédrale de Granada commencent à s’égayer aux rayons de soleil. Quelques vendeurs ambulants s’activent déjà pour servir les petits-déjeuners aux clients de passage pressés, tandis que dans les patios des hôtels de charmes on s’active aussi pour nettoyer le jardin après l’orage de cette nuit, griller des toasts, réchauffer les gallo pinto (riz aux haricots noirs) et préparer les œufs brouillés pour les touristes, ces quelques happy few sachant voyager à l’envers de la mode touristique, encore peu nombreux à profiter de cette ambiance surannée. Les carrioles tirées par les chevaux fait leur apparition petit à petit et les bruits des trots résonnent dans les murs des patios des maisons coloniales autour de la place centrale. Ici ils utilisent encore beaucoup de chevaux pour les transports, disons, semi-public. Il n’y a pas beaucoup de monde dans la rue, Granada ne totalise que 130 000 habitants. Par contre, en hasardant ses pas vers le marché central, une autre scène attend les voyageurs, on dirait que la moitié des habitants de la ville vienne ici toute la journée pour une ambiance beaucoup plus animée voire festive.
Savez-vous que le lac de Nicaragua est le 2e plus grand lac de l’Amérique Latine après le lac Titicaca ? Et qu’il est relié à l’océan Atlantique par le fleuve de San Juan d’un côté, et de l’autre côté il communique avec le lac de Managua par le fleuve de Tipitapa,.
Départ en excursion, mais en fait, que visite-t-on ? Je ne dirais pas qu’on fasse des excursions ou des visites, mais on s’immerge dans la vie des Nicaraguayens. Une balade jusqu’au cratère du volcan Masaya d’où l’on peut faire une petite ou une grande randonnée selon son envie dans un paysage de pâturage, de volcan et de lagune. Une leçon de cuisine pour faire du chocolat dans les rues de Granada. Le hasard de tomber dans une messe célébrée à la Cathédrale Basilique de Leon remplie de fidèles. Le plaisir de dire Bonjour à quelques passants dans la rue qui ont encore un regarde curieux sur les touristes. Un moment de repos dans un de ces innombrables cafés dans un patio pour poster sur son réseau social préféré les photos de voyage, le Nicaragua est hyper connecté ! Ce pays encore peu connu, du moins pour les voyageurs français, mais où l’on découvre à chaque moment quelque chose de touchant: la gentillesse, le courage de ses habitants même dans des conditions difficiles de vie quotidienne. Ce voyage qui donne l’assurance de revenir chez soi et réaliser sa chance de ne pas avoir de tels soucis matériels. Ce voyage en terre nicaraguayenne qui permet de se remettre en question sur son existence.
Hormis la viande de bœuf d’une tendresse extraordinaire, on peut citer aussi les güirila, délicieuse galette de maïs frais, et le nacatamal, ce gâteau à feuille de maïs ou de banane très répandus dans la sierra.
Sortir des sentiers battus du triangle classique Ometepe – Granada – Leon, on ne manquera pas les fêtes patronales de différentes villes (San Jeronimo à la Halloween à Masaya, fête du Guegüense, fête patronale de Leon ou de Granada sont parmi les plus connues). Et si on sait aussi que le Nicaragua possède un des cinq meilleurs spots de surf dans le monde entier, sans parler de sa côte Caraïbe avec des îles à la Robinson Crusoé, accessibles uniquement par l’avion à l’heure actuelle, on ne sait plus combien de temps doit-on prévoir pour « tout faire ».
Si les Salvadoriens ont leurs pupusas, les Nicaraguayens leur vigoron!
Et les meilleurs vigorones doivent être mangés dans la rue, et de préférence, de Granada. On ne peut pas être plus simple comme plat, mais quel délice. Servis sur une feuille de banane, on y trouve respectivement le yuca (manioc) cuit à la vapeur, rehaussé de chicharrones (morceau de peau de porc frit, celui de Granada est avec la viande), de la salade de choux et d’autres légumes finement hachés en lamelles, le tout arrosé d’une sauce vinaigrée. La douceur du yuca se marie parfaitement avec l’aigreur de la salade, qui neutralise le goût gras du chicharonnes, sans parler du croquant de chicharonnes qui contraste avec le moelleux de yuca à la vapeur.
Toutefois, la grande surprise est une bonne nouvelle pour les gourmets gourmands carnivores. La viande de boeuf du Nicaragua est une des meilleurs sinon la meilleure que je n’avais jamais goûté auparavant, y compris en Argentine! En prime, ici, on vous le cuit selon votre demande comme chez nous une viande moelleuse et goûteuse à la perfection. La meilleure que j’ai goûtée est au restaurant Zaguan, derrière la cathédrale de Granada. Avis aux amateurs.
Et si l’on attarde ses pas sur l’île d’Ometepe, cette magnifique île volcanique qui porte si bien son nom, deux volcans parfaitement coniques, le Concepción (1610m) et le Maderas (1394m) se situent sur l’île, car en nahuatl, Ometepe signifie « deux sommets ». Lac d’eau douce le plus grand de l’Amérique Centrale, il abrite plusieurs espèces rares telles que le poisson-scie, ou encore le requin d’eau douce, ainsi que l’île d’ Ometepe est terre de prédilection des oiseaux migrateurs venus d’Amérique du Nord. L’île a obtenu l’appellation de Biosphère de l’Unesco depuis 2008. Avec ses trente mille d’habitants, l’île est facilement accessible par ferry ou encore par avion depuis Managua.
En dehors des activités sportives (ascension des volcans) pour les téméraires, on peut y observer les animaux, visiter des sites archéologiques (céramiques, pétroglyphes, sculpture précolombiens), se prélasser sur les plages ou encore participer au tourisme communautaire. La nature n’est pas en reste : la réserve Ojo de Agua avec ses ruisseaux et ses animaux dans la forêt vierge…